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On ne sait pas quoi faire de ses mains, de ses mots, on ne sait plus où poser tout ça, à quoi ou à qui ça peut encore servir si ce n'est plus à lui.

Il faut le dire
aux abeilles

Photographies de
Nicolette Humbert

La Joie de lire, 2011

couverture Il faut le dire aux abeilles

Quand un apiculteur meurt, il faut le dire à ses abeilles… Et il faut dire aussi notre incompréhension, notre tristesse, ce sentiment qu’il sera si difficile de continuer sans lui. Pourtant, peu à peu, « les choses changent autour de nous. De petits changements de rien du tout. » Jusqu’à cette fin de journée où on ira dire aux abeilles « qu’on est heureuse à nouveau, là-bas dans la maison, et qu’on espère qu’elles le sont aussi, ici dans la ruche. »

quelques mots...

Sur Critiques libres :

Un livre qui guérit

Il faut le dire aux abeilles est un album pour enfants... et adultes.

Le texte de l'écrivain suisse Sylvie Neeman (Rien n'est arrivé, éditions Denoël) évoque la disparition du père et le lent et difficile retour vers le bonheur de la mère et de ses enfants. Les abeilles sont en fait les enfants, et l'enfant-lecteur est libre de le comprendre à son rythme et selon ses capacités à investir sa propre douleur s'il doit faire face à la perte d'un être cher.

Les adultes peuvent aussi y trouver un réconfort et un élan pour se sortir eux-mêmes d'un deuil difficile et ainsi trouver plus facilement les mots qui vont aider les enfants à retrouver le plaisir de vivre et la joie.

Le grand mérite de ce livre est vraiment de prendre celui qui souffre par la main et de l'emmener l'air de rien vers un chemin où le soleil brille un peu plus, où les fleurs sont plus belles et « les bonheurs toujours possibles ».

Les photographies de la photographe française Nicolette Humbert (Au jardin fruitier de tout près, Les gestes de la ferme, etc., aux éditions La Joie de lire) sont d'une force et d'une douceur peu communes. Elle utilise les couleurs chatoyantes et la beauté troublante de la nature pour bercer le lecteur-spectateur et lui faire ressentir, voire même sentir, les parfums mêlés de la vie qui étourdit et du bonheur qui guérit.

Le mariage du texte et des photographies est d'une subtilité et d'une élégance assez nouvelles en littérature jeunesse.

Sans conteste un livre indispensable et un nouveau chef-d’œuvre des éditions La Joie de lire.





Dans Notes de lecture de CAIRN.info :

Les bons livres pour enfants sont toujours aussi des livres pour adultes. Tel est le cas de ce petit ouvrage qui traite de la question du deuil quand il fait irruption dans une vie.

C’est un livre à déguster page après page, quand la photo et le texte entrent en dialogue pour porter notre méditation. Car c’est de cela qu’il s’agit : d’une méditation pour dire que le deuil est une affaire qui prend le temps nécessaire. En ce sens, chaque étape doit être respectée, reconnue, traversée et accompagnée.

Quand l’apiculteur meurt, les abeilles perdent leurs repères et volent dans tous les sens. Commence alors un travail de parole et d’acceptation de ce qui arrive. Il est nécessaire de leur dire ce qui s’est passé, sans rien cacher, sans embellir, sans voiler la vérité dans de la ouate. La parole vraie peut et doit se dire pour que puisse renaître la vie.

En filigrane, on ressent la mort de l’apiculteur comme l’image de la mort du parent ; quand cette figure vient à manquer, c’est l’univers de l’enfant qui bascule.

Ce petit ouvrage pose ainsi la question : que peut-on dire de la mort aux enfants, et surtout, comment le dire ? Le parcours est ainsi tracé depuis le choc de la nouvelle jusqu’au moment où la vie reprend.

Et l’on ressent fortement ce moment où quelque chose de la vie commence à frémir, qui nous appelle à réinvestir petit à petit les réalités simples du quotidien.

En conclusion, un petit bijou à savourer, à méditer. Un vrai appel à la vie.

François Rosselet

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